Ce serait quoi la Cité Radieuse d’aujourd’hui ?

10 novembre 2020 - Becoming With Territoire

Ce serait quoi la Cité Radieuse d’aujourd’hui ?

Vous vous souvenez de la Cité Radieuse ? Vous savez la Maison du Fada comme disaient les Marseillais. Une pure folie cette histoire de HLM nouvelle génération qui voulait révolutionner l’habitat moderne. Innover pour créer un lieu d’Habitation à Loyer Modéré, beau, inclusif, tout en préservant l’intimité de chaque foyer. Et ça a marché.

Le logement social était très à la mode à cette époque et nombre d’architectes se proclamant modernes, voulaient absolument s’y frotter. Et si aujourd’hui, la place des aînés au sein de la ville, devenait notre sujet moderne ?

 

OK Boomer

 

« Parce que nous sommes tous des vieux en devenir, il nous semble essentiel qu’aux côtés des transitions écologique et numérique, nous reconnaissions désormais la transition démographique comme un des grands défis du XXIe siècle. » De quoi parle –t-on ? De cette tribune publiée dans Le Monde en mai dernier et signée par 150 personnalités (dont des élus, des intellectuels, des professionnels du soin, des syndicalistes, des acteurs économiques et sociaux), qui demandaient à repenser le lien entre les générations. Pour nous aussi, c’est un sujet essentiel. Un sujet d’analyse et d’exploration. Tout a commencé, il y a quatre ans, par une étude quali sur ces nouveaux seniors. On a mis de côté toutes les idées reçues et on leur a parlé. On a réalisé que ces gens qui ont plus de 70 ans aujourd’hui, sont issus de mai 1968. Et ça change tout ! C’est eux qui ont inventé la jeunesse, se sont battus pour la liberté, l’égalité, l’ouverture au monde. On a vu à quel point ils s’impliquaient dans des associations, dans leur quartier, dans la vie culturelle, à quel point ils étaient connectés, hédonistes et actifs, à quel point ils ont besoin de se sentir utiles. Parce que c’est en continuant d’apprendre, de bouger, d’aider, qu’on reste en vie. Forts de cet apprentissage, nous nous sommes mis à imaginer un monde où les ainés ne seraient plus ghettoïsés.

 

Adaptons la ville aux enjeux de la longévité

 

C’est l’enjeu n°1 de ce qu’on appelle l’économie de la longévité : donner une place aux personnes âgées, reconnaissant ainsi leur contribution à la société. Ipsos vient tout juste de sortir son 5ème baromètre sur les seniors en Europe. En ressortent deux grandes informations : cette année (et malgré la crise sanitaire), on atteint un niveau record  de seniors déclarant bien vivre leur âge. En France, on compte 78% de plus de 65 ans et 84 % de plus de 80 ans qui se sentent bien dans leurs baskets. Et parallèlement à ces chiffres – en hausse de 9 et 13 points par rapport à l’an dernier- ces mêmes seniors déplorent une ville inadaptée. Aux séniors et aux plus jeunes. Sécurité, transports, accessibilité aux services, ils jugent sévèrement le manque d’évolution des territoires. Et pourtant ils ont plein d’idées pour inverser la tendance : des services itinérants, du co-voiturage spécifique, des échanges de compétences…

Les seniors se révoltent. Écoutons-les. Créer une société vraiment inclusive, c’est commencer par ne plus envisager les plus vieux d’entre nous, comme une charge, mais comme une ressource et la connecter au monde extérieur. La mise à distance ne fonctionne plus. Elle est même l’expression de la fragilité de fonctionnement de nos sociétés. Il n’est plus possible aujourd’hui de parler sans rougir de ville inclusive sans penser à un modèle innovant qui prendrait en compte la vieillesse. Carlos Moreno le résume ainsi : « l’innovation, sous toutes ses formes, doit être au service du citoyen pour faire de la ville un lieu de vie, de brassage, d’inclusion et de partage ». C’est dit. Et c’est par ce prisme que nous devons envisager le rôle des seniors dans chaque quartier.  Ne plus faire sans eux. Mais avec eux.

 

Faire partie et faire sa part

 

Imaginer des résidences alternatives, des lieux pivots en synergie avec leur quartier et l’environnement. C’est notre défi. Dépasser les murs de la résidence et créer un lien avec la communauté du quartier grâce à un système de conciergerie solidaire. Créer des résidences qui non seulement répondent au besoin d’inclusion sociale des ainés mais contribuent à leur volonté de vivre dans un « chez-eux », tout en partageant avec les habitants du quartier. Inventons un lieu dans lequel on pourra donner autant que recevoir, un lieu de polarité intergénérationnelle à la fois stimulant et sécurisant. C’est le principe simple de l’échange de services : courses, bricolage, garde d’enfants, aide aux devoirs, travaux de couture… L’âge n’est pas une identité. Chacun dans sa propre singularité peut et doit apporter sa contribution citoyenne. C’est notre conviction : combattre l’isolement des individus en mélangeant les mondes.

N’oublions pas qu’au milieu du XXIe siècle, la terre abritera plus de vieux que de jeunes. Nous sommes donc à l’aube d’une transition démographique majeure. Le défi sociologique de demain, non pardon de là tout de suite maintenant, c’est la collaboration, la connexion des hommes et des femmes, des ainés et des plus jeunes, la mise place dans chaque quartier d’une citoyenneté effective. Newton avait raison : on construit trop de murs et pas assez de ponts. Changeons la donne.

Jean de Couët, Directeur associé becomingwithterritoire

 

 

 

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